
Face à tous cela, je pense que le film attirera malgré tout quelques personnes (par curiosité et pour le fait qu'il sera médiocre sans être non plus nul, tellement il a dû être remanié pour éviter toute polémique supplémentaire). Mais je ne pense pas aller le voir, et je préfère boycotter ce type de remake :p
Malgré tout, je trouve que le cas de Blanche Neige est intéressant, et il montre bien l'état du cinéma aujourd'hui.
En 2021, pour la nouvelle attraction de Disneyland (post-confinement) rendant hommage au film de 1937, celui-ci a reçu des critiques d’organes féministes (dans la vague MeToo) jugeant que le film participe au sexisme et à la culture du viol auprès des enfants, de par la condition de l’héroïne dans le conte et de par sa conclusion, avec un baiser “non consenti” du prince. Sans vouloir sa censure, pour les militants, il a surtout été question de rendre le film “ringard”, et lui retirer son statut de “culte”.
Le groupe Disney a été pris de court, surpris de recevoir de telles critiques sur leurs nouvelles attractions alors qu’un live-action Blanche-Neige est prévu depuis 2016.
La même année, l'actrice interprétant Blanche-Neige est annoncée : il s’agira de Rachel Zegler, une actrice métisse (aux parents colombiens), connue pour son militantisme et ses positions anti-police et anti-raciste sur le réseau social Twitter. Elle a aussi repris à son compte les critiques contre le film de 1937 en jugeant le film “rétrograde”, à la morale “vieillotte” et avec un prince se comportant comme un “harceleur”. En entretien, elle a indiqué que cette nouvelle version porterait une blanche-neige “désireuse d’être une bonne cheffe”.
Ses commentaires ont eu de quoi agacer les personnes qui ont pu regarder le film d’animation quand ils étaient enfants. Mais aussi, d’autres réactions ont questionné le choix de ne pas avoir pris une actrice “Blanche comme la neige”, telle que décrite dans le conte. Cette critique est aussi à jumeler avec l’annonce de l’actrice israélienne Gal Gadot dans le rôle de la méchante reine, jugée beaucoup plus belle que Rachel Zegler : alors, l’histoire de la reine jalouse de la beauté de Blanche-Neige ne faisait plus aucun sens?
L’autre polémique relative au choix de casting a aussi été via l’acteur Peter Dinklage (atteint de nanisme) qui est monté au front contre la possible présence d’acteurs nains dans le film. “Tu te dis progressiste d’un côté, mais de l’autre tu continues de perpétuer cette histoire pourrie de sept nains vivant ensemble dans une grotte…” a-t-il dénoncé dans le podcast de Marc Maron, “WTF”.
Les acteurs Dylan Postl, Jeff Brooks et Katrina Kemp (aussi atteint de nanisme) ont alors voulu s’exprimer sur le sujet. Dans un entretien au DailyMail, pour eux, jouer l’un des nains de Blanche-Neige aurait été au contraire un tremplin pour leur carrière d’acteur. Car jouer dans un Disney est très valorisant, et il reste très rare que des acteurs de petite taille parviennent à trouver des rôles de premier plan au cinéma. De plus, Blanche-Neige reste un “conte de fée” qui n’a pas pour but de refléter la société : cette polémique des nains n’aurait pas dû avoir lieu.
En réponse à cela, Disney a annoncé vouloir donner une approche différente des sept nains dans cette nouvelle adaptation, et qu’il travaillerait en collaboration avec des associations relatives au nanisme à ce sujet.
Pourtant, les premières images de tournage se font avec une nouvelle polémique. On y voit une doublure de Blanche-Neige accompagnée du prince et de sept personnes aux sexes et aux ethnies variés : les nains ne seraient plus des nains mais des “créatures magiques”?! Face aux commentaires sur Twitter, des représentants de Disney (sur Daily Beast et The Independent) ont cherché à démentir l’information, jugeant ses photos fausses car aucun acteur du film final n’est présent sur celles-ci. L’équipe du Daily Mail a au contraire assumé ses photos, affirmant qu'elles ont été données par le studio de production, et que l’on peut y voir dessus l’équipe technique du film…
Le fils de David Hand (réalisateur du film de 1937), David Hand Jr. s'est joint à la grogne générale en soulignant que cette adaptation allait à l'encontre des ambitions de son père et de celles de Walt Disney. Pour lui, il ne serait pas honnête de vouloir changer le film qui a fait Disney et le succès du studio à l'international. Ce projet ne serait qu’un autre fruit du wokisme et de la cancel culture promus par le studio depuis quelques années, dénigrant l’apport de leurs pères pour plaire à un courant militant en vogue.
Face à cela, la sortie du film est finalement repoussée d’un an. Le studio de production la justifie par les grèves à Hollywood qui ont ralenti la production, mais de nouvelles images du film montrent qu’il n’est plus question de “créatures magiques” pour accompagner Blanche-Neige, désormais remplacés par des nains en images de synthèse. De nombreuses scènes doivent alors être retournées, plombant davantage le budget alloué au film. La communication autour du projet est de plus en plus contrôlée, limitant au maximum les interventions (polémiques) de Rachel Zegler. Pourtant, l’actrice continue de faire parler d’elle en ligne, des membres de l’équipe technique critiquant vivement son caractère hautain et détestable sur le tournage (jusqu’à imposer ses idées pour retourner certaines scènes).
Finalement, la première bande-annonce du projet reçoit un énorme bad buzz en ligne (dépassant le million de pouces rouges sur YouTube), les retours blâmant surtout sa direction artistique assez douteuse (pour ne pas dire laide).
Le live-action Blanche-Neige n’a pas réussi à surmonter quatre ans de polémique et s’apprête à sortir dans un contexte ne lui promettant pas la réussite escomptée. Cela est aussi à mettre en commun avec les différentes polémiques autour de projets comme la Petite Sirène ou Pinocchio.