et vous que pensez-vous du DA ?
http://www.liberation.fr/medias/1996/04 ... -a-_169747TF1, 7h10, A tout'Spip. Le super-héros américain sort rétréci de l'adaptation télé. Spiderman rappelé à régner.
Avec ses deux grands yeux blancs en amande et son costume rouge et
bleu immédiatement reconnaissable, le désormais mythique Peter Parker, alias Spiderman, n'a pas tissé sa dernière toile. Diffusée aux Etats-Unis depuis septembre 1994 sur la Fox Children Network, la nouvelle adaptation du célèbre comics (BD américaine), né en 1963 chez Marvel, débarque en France.
On croyait définitivement passé de mode l'univers manichéen et coloré des super héros américains. Il n'en est rien. Bénéficiant en France du grand retour nostalgico-médiatique aux années 70, les comics font peau neuve. Et cela grâce aux films savamment concoctés (le très efficace Batman de Tim Burton en 1990 orchestré par Prince), aux dessins animés (la fidèle adaptation de Batman diffusée depuis 1989 sur France 3), ou encore aux produits dérivés. «Le marché des comics est en crise depuis des années aux Etats-Unis mais connaît un renouveau à l'exportation. On observe un phénomène de saturation des mangas grand public et beaucoup de jeunes redécouvrent l'univers des super héros américains», explique Philippe Touboul, responsable de la boutique d'Album exclusivement consacrée aux comics.
Mais l'avenir des super héros d'outre-Atlantique n'est plus dans les textes, boudés depuis longtemps et asphyxiés par la production nippone, que dans les cases jeunesse des chaînes de télévision (Spiderman est diffusé dans six pays d'Europe), sur les tee-shirts ou dans les jeux vidéo. Le choix qui a poussé Marvel Comics, l'un des plus grands éditeurs américains, à élire Spiderman pour amorcer une reprise en main du marché européen, est loin d'être anodin: ancré dans la culture enfantine depuis sa première adaptation en 1977 (diffusée à l'époque sur la première chaîne française), le sigle est supposé connu. Ainsi l'araignée de Spiderman, le «S» de Superman, ou la chauve-souris de Batman sont d'emblée plus parlant que n'importe quel manga.
Inutile pourtant d'opposer les deux genres tant est ténue la frontière qui les sépare. Deux produits de consommation (littérature de gare, format poche, papier recyclé) profondément enracinés dans la culture populaire et dont l'exportation vise un public généralement jeune et friand de la belle dichotomie en noir et blanc qui lui est offerte. Deux genres dont la plupart des scénarios s'organisent autour du thème de l'atome (le sage Peter Parker devient l'intrépide Spiderman après la piqûre d'une araignée irradiée) et dont la réputation s'est forgée grâce à quelques maîtres (Stan Lee aux Etats-Unis, Katsuhiro Otomo au Japon).
Deux genres, enfin, qui, passés à la moulinette de l'adaptation, réservent généralement de mauvaises surprises. C'est malheureusement le cas pour cette version toilettée de l'Homme araignée où toute la réflexion sur le thème de la solitude développée par Stan Lee est évacuée au profit d'une succession de bonds sur les gratte-ciel d'un New York méconnaissable.
PEUGEOT Frédéric