Gao Kyo a écrit :beaucoup de gens continuent de penser DA = pour enfants
Ceux qui pensent ça, il faudrait leur montrer par exemple South Park ou pire Beavis & Butt-Head ou le film animé de Fritz the Cat.
Non, trop soft. Je suggérerais plutôt de les attacher à leurs fauteuils, les yeux maintenus ouverts façon
Orange Mécanique et de leur infliger coup sur coup
When the Wind Blows,
Le Tombeau des Lucioles et
The Plague Dogs. Je pense qu'on devrait obtenir des résultats… intéressants.
De mon côté, je n'ai pas le souvenir d'avoir eu des remarques concernant les DA. À 8 ans, j'étais déjà mordu d'animation d'auteur, autant dire que pour mes camarades d'école, j'appartenais déjà à une autre dimension. Quand tu découvres
Æon Flux et le cinéma de Jan Svankmajer à cet âge-là, c'est déjà le genre d'expérience dont on ne se remet pas, mais alors quand en plus tu veux partager cette passion avec tes copains, ces derniers ne te font pas vraiment de remarques quand tu regardes des DA plus conventionnels, ils sont même plutôt soulagés !
Bref, j'étais plutôt l'extraterrestre qui regardait tout et n'importe quoi mais dont la passion était respectée.
Et ça a continué durant mon adolescence et puis mes études. Car lorsque je dis que j'ai fais ma thèse sur le cinéma d'animation, dans l'esprit des gens, le côté universitaire apporte une légitimité à s'intéresser aux DA en tant qu'adulte. Du coup, personne n'est choqué lorsque je dis être fan de
Pocoyo.
Yupa a écrit :Une pression socio-culturelle s'exerce sur les adolescents ou jeunes adultes pour qu'ils franchissent un pas de plus vers le statut de "vrais adultes" qui est, rappelons-le, le seul objectif de l'éducation et non le savoir ou l'intelligence, car ces derniers débordent largement le concept d'éducation, comme tous les formateurs le savent.
Tout est dit. Et mon parcours ne m'a pas empêché de subir inconsciemment cette fameuse pression socio-culturelle que tu évoques : j'ai eu ma période anti-Disney à un moment.
J'avais 10 ans lorsque
Le Roi Lion était sorti en salles, comme tout le monde j'avais adoré et m'étais précipité sur la VHS à sa sortie. Et puis est arrivé
Pocahontas qui a eu sur moi l'effet d'une douche froide ; puis
Le Bossu de Notre-Dame que j'avais trouvé beau mais vraiment sans plus. Comme si en l'espace d'une année, j'étais devenu trop vieux pour ça. Que ce n'étais plus pour moi, que Disney c'était mièvre, gentillet… contrairement aux animations plus trash qui avaient nourri mon parcours de cinéphile. Que tout cela n'était pas sérieux face à la liberté de la création artistique.
Continuant d'enregistrer des émissions spécialisées sur Canal+ et Arte et commençant à lire des ouvrages consacrés à l'histoire de l'animation, j'avais fini par développer une aversion absolue envers Disney, lui reprochant son style, sa suprématie qui limitait la vision du DA chez les gens. Bref… j'étais devenu un insupportable snob de l'animation ! Et il m'a fallu 10 ans de relation d'amour-haine avec les productions Disney (de mon adolescence jusqu'à la fin de ma licence) pour me réconcilier avec et me dire enfin : "non, je ne peux pas renier cette part de mon enfance. Et objectivement, Disney a énormément fait pour le DA, tu ne peux pas le nier, leurs films sont techniquement impressionnants et sont le fruit d'une vraie démarche artistique."
Depuis, je suis redevenu fan et me suis juré de m'écouter moi-même avant d'essayer de devenir un "cinéphile respectable dont les goûts dépassent ceux de la plèbe".
veggie11 a écrit :Quant aux dessins-animés américains pour adultes, les Simpsons sont assez connus mais pas les références (Beaucoup ne comprennent pas pourquoi c'est considéré comme un cartoon qui touche plus facilement les adultes ou adolescents), South Park n'est pas très aimé (trop vulgaire, la critique sociale ils ne la remarquent pas).
Hélas… et c'était déjà le cas à l'époque de
Fritz the Cat qui a tout misé sur son contenu sexuel dans sa campagne promotionnelle pour éviter que sa classification X ne lui porte préjudice, forcément ça n'a pas aidé. Et une bonne partie des critiques et du public n'y ont vu qu'un Disney en plus cochon. Et les détracteurs de Ralph Bakshi réduisent généralement celui-ci à un vulgaire pornographe alors (ou parce) que ses films sont de véritables charges critiques à l'égard de l'Amérique.
Xanatos a écrit :Il faut croire que beaucoup de gens sont bornés, et pourtant des journaux comme Animeland (bien sûr) et Mad Movies ont énormément oeuvré pour la reconnaissance de l'animation mais aussi des revues comme "Positif" qui cible un public cinéphile.
Dans les années 70-80, il y avait eu toute une presse consacrée à l'animation mais qui, malheureusement, restait une affaire d'initiés malgré les tentatives de faire découvrir aux gens un autre monde en dehors des productions grand public.
Je pense notamment à
Fantasmagorie, la revue d'André Igual et Jean-Pierre Jeunet qui proposait un panorama de ce qui se faisait dans les festivals avec des textes critiques quant à la représentation de l'animation à la télé française…
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Banc-Titre, plus orienté vers les professionnels, sur l'actualité des studios et des structures, avec des critiques de courts, longs-métrages et même des dessins animés publicitaires.
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Animatographe, plus orienté vers les cinéphiles, qui n'a duré que 3 numéros.
En fait, dans tout ce vivier, il ne reste plus que le plus jeune :
Animeland.
Sinon, Thierry Steff (l'ancien patron de feu les éditions Dreamland et ex-collaborateur à
Banc-Titre) avait tenté à la fin des années 90 de lancer via Dreamland une revue bilingue français-anglais,
Animation Reporter, consacrée à l'animation européenne. Non seulement, ça n'a pas marché mais en plus, impossible d'en trouver la moindre trace sur internet, à part les exemplaires en consultation à la Cinémathèque de Toulouse.