Petit retour sur
Josep, 1er long-métrage du dessinateur de presse Aurel
Le film raconte l'histoire vraie de l'activiste et artiste Josep Bartoli dans les camps de concentration français dans lesquels étaient parqués les espagnols ayant fui le franquisme. Un gendarme compatissant (le narrateur du film) lui fournira papier et crayon pour qu'il puisse continuer à s'exprimer artistiquement et à exorciser l'horreur du quotidien en la couchant sur le papier.
Artistiquement, le film marque par son parti pris assez radical avec de nombreux plans mêlant mouvement et fixité ; à plusieurs reprises, on a droit à des scènes montrant des personnages en pleine marche figés sur place, tandis que le reste de l'environnement sonore et visuel (neige qui tombe, vent qui souffle) sont en pleine action. L'idée de fixer des moments en instantanés, traduits par le dessin, débordent de la mise en scène, fait écho au récit et contribue à une distance poétique qui aide à supporter la dureté de cette page d'Histoire méconnue. Sergi Lopez interprète un Josep à la fois digne et à fleur de peau, le gendarme est interprété jeune par un Bruno Solo d'une fragilité inattendue, tandis que le même personnage devenu grand-père est joué par un Gérard Hernandez plus émouvant que jamais.
La mémoire défaillante du vieillard est également l'occasion pour le récit d'introduire prématurément des événements anachroniques (dont une apparition presque christique d'une certaine figure artistique).
Dans l'ensemble, un très bon film qui a su davantage me convaincre que
Buñuel après L'Âge d'Or !
Excellente surprise que ce
Petit Vampire !
N'ayant pas du tout apprécié les adaptations de BD comme
Le Chat du Rabbin et
Aya de Yopougon qui étaient construits sur du rapiècement de multiples histoires sans donner l'impression de savoir où on allait, le nouveau film de Joann Sfar propose une véritable ligne narrative qui met en valeur son univers fantaisiste et hautement coloré. Que ce soit dans le graphisme inégalable de l'auteur, la composition des plans, la musique d'Olivier Daviaud dotée d'une vraie identité (parce que les BO de films d'animation à la simili-Danny Elfman au bout d'un moment, ça gonfle !), les comédiens qui se donnent à fond, l'ensemble est un pur régal !
Je relèverai tout au plus un moment dramatique qui m'a paru un peu trop forcé sur le coup, mais pas de quoi entamer l'enthousiasme que j'ai eu à suivre l'histoire. Autant, je n'ai jamais réussi à accrocher à la série animée, ici le pari est remporté haut la main !