
Petit rappel : on est sur l'adaptation animée d'une pièce musicale elle-même inspirée de Robinson Crusoé où le personnage principal est un médecin échoué sur une île qui comble sa solitude par sa rêverie et se laisse aller à ses délires après avoir sauvé un réfugié qu'il baptise Vandredi…
Tout d'abord, le film est artistiquement magnifique : on est sur un mélange unique et décomplexé de 2D et de 3D avec un sens de la couleur et de la texture déployé dans l'esprit d'un Salvador Dali. On est envoûté par la musique du Balanescu Quartet qui porte la narration, avec ses dialogues en rimes et en écholalies entre les personnages (ou assurées par un chœur antique invisible). Bref, si vous êtes à la recherche d'une œuvre qui détonne dans le paysage animé actuel, c'est bien celle-ci !
Mais alors quel est le problème, me direz-vous ?
Je n'y ai tout simplement pas retrouvé la flamboyance et l'impact émotionnel de films tels que Bubble Bath, Mind Game ou L'Extraordinaire Voyage de Marona (le précédent film de la réalisatrice). En effet, la force de ces 3 œuvres est que le vertige graphique, le décalage, la plongée dans l'univers psychique permise par l'animation marche parce qu'elle repose avant tout sur la base d'une réalité établie ; c'est ce qui donne à la "sortie de route" toute son ampleur.
Mais dans L'Île, dès lors que tout est décalé dès le départ, on perd l'essence du basculement et on se retrouve juste avec un étalage de beaux effets visuels dans lesquels surnagent des symboles du monde contemporain, entre crise des réfugiés et capitalisme exacerbé mais qui apparaissent comme forcés, maniérés, voire superficiels. Pour cette raison, j'avoue avoir décroché à plusieurs reprises.
Mais que cet avis mitigé ne vous empêche surtout pas d'aller voir le film et de juger par vous-même ! Peut-être y serez-vous plus sensible mais du fait de mon parcours de cinéphile, j'ai été moyennement convaincu par le résultat. Dommage…